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La lutte contre les vers parasites

Les vers parasites, des organismes rampants et terrifiants qui survivent à partir des nutriments de leurs hôtes, peuvent sembler tous droit issus d’un cauchemar. Cependant, pour Lucienne Tritten, professeure adjointe à l’Université ɬÀï·¬, ces organismes représentent un défi urgent et une occasion de repousser les limites de la science moderne. Grâce au financement du programme Recherche fondamentale de l’initiative D2R, la professeure Tritten élabore une approche novatrice pour lutter contre les infections parasitaires à l’aide des ²ú²¹³¦³Ùé°ù¾±±ð²õ intestinales que nous avons déjà en nous.

Son projet, intitulé « Using Native Gut Bacteria to Release RNA Therapeutics Against Intestinal Nematode Infections », vise à changer la façon dont nous traitons les infections causées par des vers parasites (aussi appelés helminthes parasitaires). Les helminthes parasitaires causent des maladies tropicales négligées, touchant principalement les populations des régions à faible revenu où le climat est plus chaud. Ces vers peuvent également avoir une incidence sur l’agriculture, notamment sur la santé animale, entraînant une hausse des coûts alimentaires et une pression économique sur les agriculteurs et agricultrices. Malgré leurs conséquences massives, ces vers parasites – en particulier les vers intestinaux – demeurent un domaine de recherche négligé.

Le problème des vers parasites intestinaux

Il existe des milliers d’espèces de vers parasites et la professeure Tritten travaille avec un sous-groupe appelé nématodes. Les nématodes intestinaux sont notoirement difficiles à éradiquer. Ces parasites vivent à l’intérieur de leurs hôtes (des humains ou des animaux), absorbant leurs ressources et perturbant les processus biologiques. Ils ont des cycles de vie complexes et peuvent persister dans un environnement pendant des mois et des années. Avec l’augmentation de la pharmacorésistance, certains médicaments vermifuges sont de moins en moins efficaces, créant un besoin urgent de nouveaux traitements. Le contrôle efficace des nématodes intestinaux nécessite une approche multidimensionnelle, y compris la mise au point de nouveaux médicaments ou de thérapies parallèles.

Combattre les vers de l’intérieur

C’est ici que la solution novatrice de la professeure Tritten entre en jeu : utiliser les ²ú²¹³¦³Ùé°ù¾±±ð²õ intestinales comme système de délivrance pour les thérapies à base d’ARN. L’idée est à la fois simple et révolutionnaire. Les ²ú²¹³¦³Ùé°ù¾±±ð²õ intestinales naturellement présentes dans nos systèmes digestifs seraient modifiées pour produire des molécules d’ARN qui perturbent la biologie des vers. Les molécules d’ARN seraient enveloppées dans des vésicules extracellulaires (de minuscules « paquets postaux » que les cellules utilisent pour communiquer) et livrées directement aux parasites. La professeure Tritten examine comment les vésicules extracellulaires se déplacent entre différents organismes (comme les ²ú²¹³¦³Ùé°ù¾±±ð²õ, les hôtes et les parasites) et comment elles peuvent porter des instructions génétiques spécifiques, appelées ARN non codants (ARNnc), qui pourraient être utilisées pour perturber la biologie des vers parasites. « Nous prévoyons que ces petites enveloppes produites par les ²ú²¹³¦³Ùé°ù¾±±ð²õ modifiées nuiront efficacement aux vers parasites, offrant une nouvelle façon de combattre ces agents pathogènes », explique-t-elle.

Woman in a lab coat sitting in a lab.

Quelles sont les prochaines étapes?

Bien que le projet en soit encore à ses débuts, la professeure Tritten se montre optimiste quant à son potentiel à long terme. Si elle réussit, cette approche pourrait ouvrir la voie à une solution évolutive et rentable aux infections par le nématode chez les humains et les animaux.

Au-delà de la science, la collaboration est au cœur du travail de Tritten. Elle travaille avec des microbiologistes, des parasitologues, des biochimistes, des biologistes synthétiques, un vétérinaire et un gastroentérologue pour réaliser ce travail. En collaboration avec des partenaires de l’UC San Diego et de l’Université Justus-Liebig de Giessen, en Allemagne, elle souligne l’importance d’adapter les solutions scientifiques aux réalités des environnements à ressources limitées. Les outils de diagnostic et les traitements doivent être abordables et faciles à utiliser.

Évidemment, certains défis demeurent. La mise au point d’une thérapie entièrement sécuritaire pour les humains nécessitera des années d’essais et d’approbations réglementaires. La professeure Tritten demeure somme toute optimiste. « Il y a tellement de choses que nous ne savons pas encore sur les vers parasites, et c’est exactement ce qui rend ce travail si stimulant », dit-elle.

Les recherches de la professeure Tritten nous rappellent que les solutions à nos plus grands problèmes sont parfois plus proches que nous ne le pensons – juste à l’intérieur de nos propres intestins. En transformant les ²ú²¹³¦³Ùé°ù¾±±ð²õ intestinales en guerriers microscopiques, elle ne se contente pas de combattre les parasites, elle offre de l’espoir à des millions de personnes touchées par ces infections partout dans le monde.

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